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Iceberg : pour imposer l’hiver au centre-ville de Montréal
24 janvier 2013
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Texte principal du billet
Chaque année, le Partenariat du Quartier des spectacles organise un concours pour la création d’expériences immersives hivernales présentées dans le cadre de l’événement Luminothérapie.
Rencontre avec Félix Dagenais et Louis-Xavier Gagnon-Lebrun
d’ATOMIC3 et Kim Pariseau d’Appareil Architecture, lauréats du volet 1 du concours - création d’une installation interactive diurne et nocturne pour la mise en valeur de la place des Festivals et de l’esplanade de la Place des Arts. Leur création, Iceberg, y est présentée jusqu’au 3 février.Crédit photo Félix Dagenais et Louis-Xavier Gagnon-Lebrun : Jean-Sébastien Côté
Crédit photo Kim Pariseau : Élisabeth Anctil-Martin
Qu’est-ce que Iceberg ?
C’est une installation interactive immersive qui propose au public de suivre le parcours d’un iceberg de sa naissance à sa dissolution. Constituée d’arches métalliques qui émettent des sons et de la lumière, l’installation en forme de tunnel réagit au passage et au comportement des gens.
Quatre structures représentent un même iceberg à quatre étapes de son existence. Chacune a une forme, une grandeur, une ambiance sonore et lumineuse différente.
Au nord de la place des Festivals, comme dans l’Arctique alors qu’il vient de se détacher de la banquise, Iceberg est au plus près de son état naturel, avec des sons qui rappellent le vent et les craquements de glace. Lorsqu’on se déplace vers le sud de la place, les gouttes d’eau laissent place à des notes de musique qui symbolisent la rencontre avec la civilisation. Sur l’esplanade de la Place des Arts, de petites structures, à hauteur d’enfants, représentent les fragments d’un iceberg et agissent comme de petites boîtes à musique.
Crédit photo: Martine Doyon, Partenariat du Quartier des spectacles
Où avez-vous puisé votre inspiration pour cette création ?
L’idée de l’iceberg nous est venue assez spontanément comme élément phare pour imposer l’hiver dans le centre-ville. Il fallait en effet une structure imposante pour bien occuper la vaste place des Festivals.
Nous avons aussi découvert que les icebergs émettent tout au long de leur fonte des sons, qui sont générés par l’eau et le vent qui s’infiltrent dans ses crevasses. Nous avons vu là un lien poétique à faire avec des tuyaux d’orgue, représentés dans notre installation par les arches métalliques. Chaque arche a sa propre tonalité. Elle est un élément individuel d’un point de vue architectural et sonore mais qui participe à créer un tout, comme le font les différents tuyaux dans un orgue. Lorsqu’il y a beaucoup d’activité humaine, un climax est atteint : réchauffé par la présence des hommes, lceberg se teinte de rouge et on l’entend qui bascule sur lui-même.
Les propriétés réfléchissantes de l’iceberg ont également inspiré le choix du matériau pour les arches : l’aluminium, qui, comme la glace, devient un capteur et diffuseur de lumière, celle du soleil et celle de la nuit.
Pourquoi avoir voulu « imposer l’hiver » ?
Parce que l’hiver avait tardé à arriver l’année dernière, et surtout parce que nous avions le désir de donner un sens à cette installation, de susciter la réflexion chez les visiteurs au sujet des changements climatiques. Pas en donnant des leçons, mais en adoptant une approche ludique. Comme nous [ATOMIC3] sommes issus du monde du théâtre, c’est la trame narrative qui guide nos créations : nous voulons raconter une histoire afin de rendre l’expérience cohérente pour le visiteur. Et c’est avec cette volonté en tête [Appareil architecture] que la structure de Iceberg a été imaginée.
Quel intérêt voyez-vous à participer à ce concours ?
Avoir la possibilité de créer une installation de cette envergure dans notre ville, d’habiter l’espace public et de contribuer à transformer un peu le quotidien des gens nous apparaît comme une chance inouïe. C’est un espace de créativité pour que la ville prenne encore plus vie, c’est une grande richesse pour Montréal.
Un avantage de ce concours est aussi le fait que nous disposions de suffisamment de ressources pour qu’il y ait une part de recherche et développement. Habituellement, on nous demande d’arriver avec des recettes qui fonctionnent déjà, alors que ce concours est une invitation à pousser encore plus loin nos créations. Cela prend toute son importance lorsqu’on veut créer une œuvre interactive. Il est en effet difficile de prévoir comment le système se comportera, d’où l’intérêt de pouvoir tester en laboratoire les idées développées sur papier.
Et tout cela avec une équipe de créateurs de talent provenant de disciplines variés.
Crédit photo : Jean-Sébastien Côté
Et d’un point de vue plus personnel ?
ATOMIC3 : C’est ce concours qui nous a permis de nous lancer, d’exister [ATOMIC3 a été lauréat de l’édition 2011 du concours avec Éclats de verre]. Le caractère anonyme du concours constitue une occasion en or de percer pour des artistes émergents et de jeunes compagnies comme nous. Le projet proposé est en effet jugé pour ce qu’il est et non pas sur la base de la réputation des créateurs.
Appareil architecture : Travailler à l’échelle de la ville, interroger l’espace public et y faire vivre l’architecture pour le bénéfice de mes concitoyens, autant de défis que j’ai eu la chance de relever grâce à ce concours. Avec la conception de cette installation destinée à un large public, j’ai pu élargir mes horizons et explorer de nouvelles façons de faire, ce qui contribue à enrichir ma pratique. Il s’agit d’une expérience exceptionnelle qui nous fait bénéficier d’une très belle visibilité.
Que vous réserve l’avenir ?
Nous espérons avoir bien d’autres occasions de créer pour apporter de la beauté, de la surprise et du plaisir dans le quotidien des gens. Lorsque nous voyons les adultes comme les enfants faire des allers-retours sous Iceberg et en sortir avec le sourire, nous nous disons que l'expérience de la ville a été bonifiée l'instant de leur visite, et c'est la plus belle des récompenses.
Iceberg
Par ATOMIC3 et Appareil Architecture
en collaboration avec Jean-Sébastien Côté et Philippe JeanPrésenté dans le cadre de Luminothérapie
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