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Parcours lumière : l’éclairage comme vecteur d’identité
29 octobre 2013
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Texte principal du billet
Mettre en lumière l’actif culturel du Quartier des spectacles en éclairant ses lieux de diffusion – salles de spectacles, centres d’exposition, théâtres – pour leur donner une forte visibilité à partir de la rue. Telle est la raison d’être du Parcours lumière. Mais il y a beaucoup plus.
Entrevue avec Mikaël Charpin, responsable du Parcours lumière au Partenariat du Quartier des spectacles.
Photo : Marie-Joëlle Corneau. Signature lumineuse 2-22. Photo : Martine Doyon
Qu’est-ce que le Parcours lumière du Quartier des spectacles?
Le Parcours se décline en trois types de projets. Tout d’abord, il y a la signature lumineuse, qui a lancé notre plan lumière en 2006. Il s’agit d’une double ligne de points rouges qui illumine le trottoir devant les lieux de diffusion et qui fait référence aux tapis rouges et au passé de Red Light du secteur. Ensuite, on retrouve des éclairages architecturaux uniques qui mettent en valeur les éléments distinctifs de chaque bâtiment tout en faisant ressortir, lorsque c’est possible, la vocation de chaque lieu. Par exemple, à la Maison du Festival, des photographies illuminées des grands musiciens de jazz habillent la façade qui donne sur la place des Festivals. Et finalement, des vidéoprojections architecturales permanentes animent neuf façades du Quartier.
Oeuvre de vidéoprojection par Alexis Laurence. Cégep du Vieux-Montréal. Photo : Martine Doyon
Pourquoi privilégier le matériau lumière?
C’est une référence directe au spectacle. La lumière sort ainsi des théâtres pour habiter l’espace public. Elle donne une identité, une image de marque à notre destination. Elle est apparue aux directeurs artistiques du Parcours, Ruedi Baur et Jean Beaudoin d’Intégral, comme la meilleure façon de mettre en valeur l’incroyable densité de lieux culturels sur cette superficie d’un kilomètre carré. Et puis c’est un matériau modulable en fonction des saisons et des événements, qui s’adapte à l’évolution du Quartier.
Comment les projets prennent-ils forme?
Un comité d’experts sélectionne les projets à réaliser, qui sont proposés soit par le Partenariat du Quartier des spectacles soit par les propriétaires de lieux à illuminer. Les projets d’éclairage architectural sont très souvent bicéphales. Le Partenariat les gère avec le propriétaire de l’édifice. Ensemble, nous confions la conception et la réalisation de la mise en lumière à un concepteur. Concernant les vidéoprojections, le Partenariat sélectionne les sites, installe et opère les équipements et s’assure ensuite de proposer une programmation de projections artistiques.
Mise en lumière du 2-22 par Moment Factory. Photo : Martine Doyon
Quels critères interviennent dans la sélection des projets à réaliser?
Nous veillons à ce que le déploiement soit équilibré sur le 1km2 du Quartier tout en priorisant les secteurs qui nécessitent une revitalisation. Le potentiel architectural de la façade est également pris en compte. Et pour les vidéoprojections, d’autres considérations interviennent comme le nombre de fenêtres, la matière et la texture de l’édifice, car le défi est d’allier deux réalités distinctes : le concept élaboré à l’ordinateur et le vécu dans la ville.
Aussi, nous nous assurons du respect de normes techniques préétablies, comme le recours à la technologie DEL, la prise en compte de l’effet de l’éclairage sur la pollution lumineuse et de son incidence sur les espaces résidentiels et commerciaux.
Plusieurs réalisations nouvelles sont venues enrichir le Parcours lumière dernièrement. Lesquelles?
La firme Lightemotion vient de terminer la mise en lumière de la Cinémathèque québécoise, avec en point d’orgue une installation numérique de l’artiste Michael Snow.
CS Design a éclairé l’Église Unie Saint-James, réexposée à la rue Sainte-Catherine en 2005.
Au Cabaret Underworld, UdoDesign fait une proposition complètement différente avec une marquise verticale.
L’édifice 2-22, qui abrite La Vitrine et des acteurs majeurs en art visuel et médiatique, renforce quant à lui sa vocation de phare architectural et culturel grâce à trois nouveaux paliers de passerelles lumineuses et à un habit de lumière extérieur, le tout orchestré par La Vitrine et signé Moment Factory.
Et ce n’est pas fini. Nous travaillons présentement à une mise en lumière de la place Émilie-Gamelin, qui sera dévoilée au printemps.
Mise en lumière de la Cinémathèque québécoise par Lightemotion et Michael Snow. Photo : Martine Doyon
Parlez-nous de la programmation régulière de vidéoprojections et des événements à venir.
À l’heure actuelle, une trentaine de vidéoprojecteurs architecturaux illuminent neuf façades. Avec cette infrastructure permanente, nous avons voulu mettre une boîte à outils à la disposition des concepteurs et des producteurs d’événements. Comme ils n’ont pas à se préoccuper de la « quincaillerie », ils peuvent se concentrer sur le contenu.
La programmation régulière se déroule du jeudi au dimanche. Une carte sur notre site web indique l’emplacement des sites de vidéoprojections.
À cela s’ajoutent les nombreux événements qui utilisent ces installations technologiques. Je pense notamment au dernier gala des Gémeaux et à son très réussi numéro d’ouverture, ou à l’installation interactive Mégaphone créée par Moment Factory qui projette sur la façade du pavillon Président-Kennedy de l’UQAM les mots tirés des discours des citoyens sur la promenade des Artistes. Il y a aussi Luminothérapie en hiver, période pendant laquelle la plupart des façades sont confiées à un seul créateur. Cette année, Champagne Club Sandwich nous propose un grand jeu animé intitulé Trouve Bob, qui s’inspire d’Où est Charlie.
Nous préparons de plus pour le printemps un événement hommage à une figure de proue du cinéma d’animation canadien.
Mise en lumière de l’Église Unie Saint-James par CS Design. Photo : Lumenpulse
Quel rayonnement le Parcours lumière donne-t-il au Quartier et à Montréal sur la scène internationale?
Nous faisons partie de LUCI (Lighting Urban Community International), un réseau de villes européennes qui développent des plans lumière. De plus, le Quartier et Mutek sont devenus en 2012 les deux seuls membres hors communauté européenne du réseau Connecting Cities, qui réfléchit à la diffusion de l’art numérique dans l’espace public. Les responsables de ce regroupement ont découvert avec intérêt que le Quartier accueille le plus grand parc permanent de vidéoprojecteurs du monde exempt de publicité et donc réservé aux contenus purement artistiques.
Quelle image vous vient en tête lorsque vous pensez au Quartier des spectacles?
C’est l’un des cœurs culturels les plus importants d’Amérique du Nord, dont la réputation dépasse largement les limites de la métropole.
Parcours lumière – Quartier des spectacles
Publié le 29 octobre 2013
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