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Philippe Katerine apporte du mignon dans le Quartier des spectacles

10 mai 2024

Texte principal du billet

Le célèbre chanteur et comédien français Philippe Katerine est aussi artiste plasticien. Créateur d’un nouveau courant artistique : le Mignonisme, il présente dans le Quartier des spectacles et le centre-ville de Montréal ses œuvres décalées, poétiques et drôles. Les Monsieur Rose, emblèmes du Mignonisme, forment un parcours de 15 œuvres monumentales à découvrir jusqu’au 29 septembre.

Philippe Katerine nous a accordé une entrevue afin d’expliquer sa démarche et nous présenter le Mignonisme.

Un texte de Sébastien Tétrault

Comment es-tu devenu plasticien ?

Philippe Katerine : C’est ma première expression, le dessin. Les premiers pas sont souvent cruciaux, alors s’ils sont couronnés de succès, c’est toujours un encouragement qui restera toute la vie. Par exemple, à 8 ans, il y a eu un concours national : il fallait dessiner la chèvre de monsieur Séguin. Je l’ai fait et j’ai remporté le prix national. Alors j’ai reçu un cadeau, un petit voyage. Quand nos efforts sont couronnés de succès comme ça, on se dit qu’on est fait pour ça… Donc j’ai toujours été persuadé que c’était le cas. Pourtant, je n’ai pas fait de progrès spécialement depuis. Il y a des gens beaucoup plus doués que moi mais j’ai toujours eu confiance en moi, un crayon à la main. On disait de moi : « Il a un bon coup de crayon ce Philippe ».

C’est quoi le mignonisme ?

P.K : Alors le mignonisme, ce n’est pas des trucs mignons forcément, comme des chatons dans des pelotes de laine. Ce n’est pas de la mignonerie. Le mignonisme, c’est plutôt un courant artistique dont je suis l’unique membre. Le mignonisme, c’est la rencontre entre quelque chose de mignon ou d’attendrissant et un contexte pénible, sombre, angoissant.

Comment as-tu créé le mignonisme ?

P.K : Je pense que c’était très lié au confinement. Je jouais avec les enfants, avec leur matériel. J’étais frustré de ne pas pouvoir faire de concert à l’époque - on était censés faire beaucoup de concerts avec le groupe, venir à Montréal d’ailleurs, faire des festivals… Donc j’ai commencé à arracher les têtes et les bras des Playmobils, c’était assez violent… Pour signifier que les festivals n’étaient possibles, à cette époque, que si on n’avait pas de tête et pas de bras, puisque c’était comme ça que se transmettait le virus. Donc c’est un mélange de mignon – avec les Playmobils, jouets d’enfants – et de frustration, en passant par l’horreur.

Est-ce qu’on pourrait dire que certains artistes ont un côté mignoniste ?

P.K : Bien sûr ! C’est une grille de lecture qui te permet de relire l’histoire de l’art, du cinéma, de l’architecture… Et tu t’aperçois qu’il y a eu beaucoup d’artistes mignonistes bien avant moi, en commençant par Lascaux, Magritte ou Niki de Saint Phalle. Ça m’a permis de comprendre un peu ce que j’aime, ce que je n’aime pas et dans ce que je fais, ça m’a permis de séparer le grain de l’ivraie : ça, c’est mignoniste ou ça, ça ne l’est pas.

D’où vient Monsieur Rose et qui est-il ?

P.K : Monsieur Rose, c’est quelqu’un qui n’a pas d’angle. C’est quelqu’un de rond, aux formes généreuses, qui n’est pas forcément genré. Il a des oreilles bien décollées comme je devrais les avoir. Et surtout il promène un peu de paranoïa, une angoisse. Il veut sortir de sa condition.

As-tu connu une situation mignoniste depuis ton arrivée à Montréal ?

P.K : Hier matin, à Montréal, arrêtée à un feu rouge, il y avait une voiture dont dépassait un morceau de tissu. La dame qui conduisait avait coincé un bout de sa jupe dans la portière et ce morceau de tissu dépassait sans qu’elle le sache… Il y a quelque chose de très émouvant dans cette scène. Une situation mignoniste, c’est souvent quelque chose qui échappe à la personne. C’est-à-dire qu’on est drôle sans le savoir.

As-tu un conseil pour les montréalais·ses pour s’initier au mignonisme ?

PK : Regarder dans leur environnement ce qui peut s’apparenter à quelque chose d’attendrissant, qu’ils n’avaient pas forcément vu. Ça peut être quelque chose de collé au visage de quelqu’un qui parle. Voilà un exemple de situation mignoniste. Vous pouvez vous dire « Ah, tu as du monde, là, sur la figure. » Ça, c’est une situation de la vie qui est adorable, qui est liée au rapport humain qui est toujours complexe et qui affronte tous les jours du mignonisme. Même dans les débats, les heurts, il y a toujours quelque chose de mignoniste.

Le parcours Le Mignonisme par Philippe Katerine

Jusqu’au 29 septembre 2024
Dans le Quartier des spectacles et le centre-ville de Montréal

Consulter la carte du parcours Le Mignonisme par Philippe Katerine

GRATUIT

Le parcours Le Mignonisme par Philippe Katerine est une présentation du Partenariat du Quartier des spectacles avec la collaboration de l’agence rentingART qui organise la tournée internationale des œuvres du Mignonisme. Ce projet est rendu possible grâce au soutien financier et à la collaboration de l’arrondissement de Ville-Marie, du Nouveau Centre par Ivanhoé Cambridge, de Tourisme Montréal, de la Place des Arts, du Complexe Desjardins, de Montréal centre-ville et de la Ville de Montréal.

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